Alors que 2020 touche à sa fin, il est important de revenir sur les événements qui nous ont marqués cette année. Il est également bon de les comprendre.
Je pourrais aborder bon nombre de sujets passés aux actualités de 2020, mais celui qui a le plus marqué ma vie d’étudiante en alternance fut celui du confinement.
Cette idée, tout d’abord incongrue, est devenue bien vite notre réalité. Une nouvelle réalité.
Elle s’accompagnait de mesures exceptionnelles comme le port du masque, les attestations et le couvre-feu…. Mais aussi de notre sujet du jour : la mise en place du télétravail.
Bien que la notion de « télétravail » existe depuis 2010 environ, cela restait une pratique sous-évaluée et quelque peu à part.
Dans son article, Laëtitia Vitaud, présidente de Cadre Noir Ltd. précise même que le télétravail était « pratiqué de manière informelle » et « en ne faisant pas l’objet d’une contractualisation ».
Le confinement obligatoire et la restriction de déplacement ont étés des déclencheurs de l’augmentation du télétravail en France. Plus que cela, cette nouvelle réalité a soulevé bien des questions sur l’organisation de l’entreprise. Doit-on réellement occuper un espace de travail dédié pour être efficace ? Nos horaires sont-elles adaptées à notre productivité ? Et plus encore… Les entreprises ont dû s’adapter rapidement afin de voir leur activité continuer de façon optimale malgré la situation sanitaire.
Les chiffres du télétravail en 2020
Malheureusement, l’expansion récente du télétravail n’a pas été accompagnée d’assez de lois pour être correctement mesurée.
En effet, les enquêtes à ce sujet restent imprécises et ce, à cause du manque d’encadrement du télétravail. En 2020, cette nouvelle réalité n’est toujours pas inscrite en tant que catégorie de mesure à l’INSEE (L’institut National des Statistiques et des Etudes économiques) et ne comporte pas assez d’indicateurs pour être correctement étudiée. Ou alors, celle-ci comporte trop de facteurs à prendre en compte comme le type de travail ou les horaires réellement passées à travailler.
Malgré tout, des instituts d’études se sont risqués à traiter le sujet et il en ressort que, courant 2020, environs un tiers des travailleurs actifs en France se sont retrouvés à faire du télétravail (étude menée par OpinionWay-Square) et ce chiffre est monté à près de 80% pendant la période de confinement. Il était de seulement 7% en 2017.
Ce qui a surpris, selon cette même étude, est que 40% des répondants ont répondu favorablement à la question : « Souhaiteriez-vous exercer une partie de votre activité en télétravail ? ». Même si pour 46% des personnes le travail ne peut pas être effectué à distance, seulement 13% ne le souhaitant pas (1% NSP).
En revanche, seuls 9% souhaitent continuer le télétravail à temps plein. La majorité préférant se contenter d’un ou deux jours par semaine. Preuve que le lien social reste primordial pour la grande majorité d’entre nous.
Ces études soulèvent donc de nouvelles questions. Celles de l’environnement de travail ou de télétravail et des risques psycho-sociaux qui en découlent.
Le télétravail ; amplificateur de risques psycho-sociaux ?
La pratique du télétravail a révélé quelque chose d’inattendu : il reste important pour les actifs français de maintenir un certain aspect de collectif d’entreprise, à distance ou non.
L’environnement de travail, qu’il soit au domicile ou en entreprise, joue un rôle important sur la productivité du salarié et sa capacité à donner le meilleur de lui-même pour l’entreprise. Là où l’isolement lié au confinement peut provoquer des risques psycho-sociaux (RPS), le retour d’un collectif partiel, d’une socialisation distancielle, sont des facteurs qui poussent le travailleur à vouloir intégrer son lieu de travail dans sa routine.
Cela pousse à se questionner également sur le bon équilibre de travail à trouver pour chacun et les risques qui y sont liés.
Qu'est-ce que le risque psycho-social ?
C’est un facteur très récent de la « Work-Life Balance », qui est apparu suite à la prise en compte de l’état de bien être des salariés par leurs employeurs.
Ce terme emprunté des Etats-Unis désigne d’ailleurs un équilibre bénéfique entre la vie professionnelle et privée. Les moments réservés à chaque activité influent indirectement sur la vie d’entreprise ou personnelle. De ce fait, l’identification de RPS chez les salariés a été le combat de bien des psychologues ou médecins du travail durant la période du confinement de Mars à Mai.
Le Collège d’Expertise définit le RPS comme étant un « risque pour la santé mentale, physique et sociale, engendré par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental ».
Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de risques psycho-sociaux :
Le retour à un équilibre présentiel/télétravail post-confinement a été plus que bénéfique, car près de 82% des salariés télétravailleurs en sont satisfaits (selon une étude de Malakoff Humanis en 2020). Le retour à la vie en entreprise a notamment permis à l’actif de regagner une vie sociale dans un lieu qui lui est connu et rassurant. Cela a contribué à la réduction des RPS chez les salariés les plus sensibles.
Cette étude fait ressortir les points suivants comme de nouveaux biens-fait de l’équilibre télétravail/présentiel :
• Réduction du stress
• Hausse de la motivation
• Meilleure conciliation vie personnelle/vie professionnelle
• Augmentation de la productivité
Le télétravail a ainsi joué un rôle de révélateur pour le travailleur. Celui-ci a pu prendre conscience de son environnement de travail via un tout nouvel angle et remettre en question ses atouts et ses défauts.
Le télétravail en 2020 ; la révélation des facteurs culturels
La sociabilisation par le travail est-elle liée à notre environnement culturel ?
La difficulté du télétravail est la dénaturation des échanges. De nombreuses plateformes de communication digitale ont été très prisées durant le confinement et elles sont devenues les plateformes d’échanges par excellence.
L’utilisation d’outils de communications engendre également une perte du contexte lors de ces échanges ; cela impacte leur bonne réception et peut porter à des incompréhensions mutuelles entre salariés, à travers la hiérarchie ou entre collègues.
Cette importance du contexte dans les échanges est théorisée par Erin Meyer dans son ouvrage à ce sujet « La carte des différences culturelles ». L’auteure américaine dévoile notamment huit « clés » à prendre en compte lors d’échanges au travail, ceux-ci variants culturellement.
Ces différentes « clés », sortes de traits culturels, expliquent en partie pourquoi les actifs français ne souhaitent pas continuer le télétravail à temps plein mais avoir la possibilité d’aménager leurs horaires tout en continuant d’entretenir des liens avec les collègues. Ces liens ont tendance à devenir plus spontanés, naturels, moins hiérarchiques.
Grâce à une meilleure connaissance de ces subtilités culturelles et sociales, le télétravail peut rapidement s’installer comme une pratique « normale », adoptée.
Les études menées sur l’introduction du télétravail en 2020 montrent que cette pratique est accueillie de plus en plus positivement. Environs 61% des salariés souhaitent ainsi mettre en place le télétravail à long terme au sein de leur entreprise selon les chiffres du Ministère du travail.
Certaines entreprises songent déjà à un remaniement de leurs locaux pour privilégier des open-spaces utilisés lors des jours en présentiels et de continuer le télétravail une à deux fois par semaine selon les domaines. Peut-être s’inspirent-elles de nos voisins nordiques, champions en la matière et parmi les précurseurs d’une « Work-Life Balance » positive !
Et vous… ? Quelle a été votre expérience de télétravail ? Le pratiquez-vous encore ? Et si oui, comment le vivez-vous, qu’a-t-il changé pour vous ?
