«Mai 68 on disait non à la consommation, et c’est devenu dix fois pire». Jean Cabu
Les origines du Black Friday
Le Black Friday se traduit par vendredi noir. Le terme « black » et ses significations divergent…
Il s’est imposé dans les années 1970 aux Etats-Unis, environ vingt ans après son apparition. Les marques américaines ont décidé de cibler leurs consommateurs en proposant des promotions sur de nombreux produits consommés pour Noel.
Il est lancé le vendredi suivant Thanksgiving pour annoncer la période des achats de Noel, et le pays tout entier est marqué par ce jour de soldes.
Si le Black Friday (intervenant un vendredi) marque l’entrée dans le weekend, le Cyber Monday marque le dernier jour des promotions ayant commencé le lundi précédent.
En France, le Black Friday fait son apparition en 2013. A cette période-là, il est utilisé notamment par les marques de e-commerce (Amazon, La Fnac, Darty, etc…).
Contrairement aux Etats-Unis où un jour férié est dédié à cette période de l’année, il se déroule essentiellement en ligne pour la France.
Il s’est hissé au sommet des journées de promotions préférées des français. Il a essentiellement pour but de permettre aux gens de se faire plaisir en achetant des produits de qualité, à prix réduit.
Quelques chiffres-clés
Importé des Etats-Unis depuis 2013, le Black Friday est connu par près de 81% des français.
75% d’entre eux estiment que cette opération de promotions est bénéfique (selon un sondage BVA).
62% des français profitent de cette période pour faire des achats. Chez Les jeunes (les moins de 35 ans), 72% d’entre eux déclarent essentiellement acheter en ligne.
La mode (68%) et les équipements électroniques et électroménagers (66%) réalisent les plus gros chiffres d’affaires devant la beauté, l’alimentation et l’immobilier.
De 2013 à 2018, la part de ce mois dans le total des ventes annuelles est passée de 9,4% à 11%.
On estime que sur internet, les ventes devraient atteindre 1,7 milliard d’euros sur les quatre jours (du Black Friday au Cyber Monday).
Les avantages du Black Friday :
Si l’on compare le Black Friday aux soldes, les commerçants y trouvent bien plus d’avantages : En période de soldes, la loi ne permet pas à tous les produits d’être en promotion.
Pour le Black Friday, chaque enseigne est libre de faire ce qu’elle souhaite. Plusieurs marques mettent en solde l’ensemble de leur magasin à cette occasion (dont des sorties récentes, à contrario des soldes).
Cdiscount révèle que ce jour-là ils réalisent leur plus gros chiffre d’affaires dans l’année.
Sans surprise, la motivation des consommateurs français est majoritairement économique. 53% d’entre eux annoncent que le principal avantage du Black Friday est de pouvoir réaliser des économies pour Noël.
En 2014, seulement une dizaine de marques profitait de l’événement pour communiquer, contre 180 en 2018. Certaines enseignes remarquent une forte progression du Black Friday : 5 à 15 % de trafic en plus en magasin par rapport à d’habitude.
Le Black Friday booste surtout le trafic online : l’e-commerce a connu une augmentation importante dès le 3 de novembre, jusqu’à la fin du week-end du Black Friday, le 25 novembre.
En moyenne, le chiffre d’affaires est de 35 000 euros par marque.
Les appels au Boycott se multiplient
Sur le terrain éthique, les attaques se multiplient à l’encontre de cet évènement. De nombreuses enseignes appellent même au Boycott.
Le directeur général de la CAMIF, Emery Jacquillat, (qui a décidé de fermer l’entreprise à cette occasion) justifie leur acte par le refus de pousser à la surconsommation.
De son côté, la fédération Envie, qui milite pour une économie sociale et circulaire, a lancé un Green Friday pour contrer cette journée, et sensibiliser les consommateurs au gaspillage…
De nombreuses marques refusent de se prêter au jeu du Black Friday, et en font même un argument marketing. La ministre de l’Ecologie, Elisabeth Borne, tente de « convaincre les français de consommer autrement ». Les députés ont donné leur feu vert à un débat, à partir du 9 décembre, sur l’interdiction de cette pratique commerciale…
«Quand nous cédons à ces promotions et rabais, nous signifions aux entreprises qu’elles peuvent impunément produire à l’excès, au détriment des employés et des ressources naturelles.» déclare Bronwyn Seier (styliste designer), à Teen Vogue.
Aujourd’hui le Black Friday est un symbole de cette surconsommation, particulièrement dans le domaine du textile, qui a une énorme influence sur le climat, puisque c’est une industrie qui représente entre 3 et 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, explique le chercheur François Gemenne .
Conclusion
Pour conclure, le Black Friday semble ne pas faire l’unanimité en France. De nombreux écologistes et chercheurs tirent la sonnette d’alarme sur les dangers de cette surconsommation. De nouveaux évènements comme le « Green Friday » voient le jour pour lutter contre cette démarche commerciale.
Bien que les consommateurs français soient friands des promotions dont ils bénéficient avant les fêtes de Noel, il est important que chacun d’entre nous ait conscience des conséquences de ses achats.
La surconsommation et le gaspillage sont des enjeux majeurs.
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